
Bientôt la paix en Ukraine ?
Depuis plus de 1000 jours l’Ukraine résiste, tant bien que mal, avec l’aide militaire, financière, politique et humanitaire des pays occidentaux et de quelques autres. Mais, du fait d’un soutien militaire insuffisant et trop tardif, elle voit s’éloigner de plus en plus la possibilité de repousser les armées russes hors de son territoire pour arriver à une paix juste.
Il est nécessaire, avant tout, de rappeler quelques réalités solidement établies et vérifiées au sujet de la Guerre en Ukraine. Sous les ordres du dictateur russe Poutine, les armées russes ont envahi l’Ukraine le 24 février 2022, en violation du droit international ;
invasion clairement condamnée par une large majorité de l’Assemblée générale de l’ONU, incapable pourtant de faire respecter ce droit international. Si les raisons de cette guerre peuvent apparaître complexes, elles ne peuvent être justifiées ni par le supposé "régime néo-nazi de Kiev" invoqué par Poutine les premiers jours de l’invasion pour "libérer" le peuple ukrainien, ni par une agression ou menace avérée de l’Occident que s’évertue à faire croire Poutine depuis son échec à soumettre son pays voisin dans les premières semaines de l’invasion.
Incertitude en Ukraine depuis le 5 novembre
Depuis l’élection de Trump aux USA, l’incertitude plane sur l’issue de ce conflit. Au-delà des fanfaronnades du prochain président américain (« j’obtiendrai la paix en un jour »...), les interrogations sont multiples : les États-Unis vont-ils lâcher l’Ukraine en imposant un accord au rabais ? Que veut, que peut l’Union Européenne, divisée, si l’aide américaine se réduit ou cesse ? Quel « accord de paix » le peuple ukrainien est-il prêt à accepter ? Quelle sécurité pour demain ?
La paix oui, le plus vite possible, mais à quelles conditions ?
S’il est possible que des pourparlers de paix interviennent dans les mois ou l’année qui viennent, ils ne signifieront probablement pas un cessez-le feu immédiat, et encore moins la signature d’un accord de paix tellement les positions des belligérants sont éloignées. D’un côté, un envahisseur qui piétine le droit international et emprisonne son peuple dans l’oppression et le mensonge selon lequel la Russie ne peut sortir de ce conflit que vainqueur, c’est-à-dire avec des conquêtes territoriales significatives.
De l’autre, un pays de l’ex-URSS, contraint de se battre les armes à la main pour son indépendance et son intégrité territoriale établies clairement en 1991, signées à plusieurs reprises par la Russie et acceptées, depuis, par la communauté internationale. Les Ukrainiens, qui semblent aujourd’hui se résoudre à la paix, rejettent toujours majoritairement les concessions territoriales malgré, la fatigue, les souffrances, les morts, les horreurs.
On est loin d’une paix juste, qui signifierait clairement pour eux le retrait des forces russes, la reconnaissance définitive de l’indépendance de leur pays dans ses frontières de 1991, sans oublier la réparation des énormes destructions et dommages subis et les condamnations des responsables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. C’est pourtant ce que nous devons continuer d’exiger, par solidarité avec le peuple Ukrainien et au nom du droit international qui reste le seul repère dans ce monde où la violence et la force deviennent de plus en plus la règle. C’est ce que nous devons exiger aussi pour garantir le droit des peuples à une paix durable.
Poutine ne doit gagner ni cette guerre ni cette paix
Cette guerre a déjà fait des centaines de milliers de morts et de blessés, aussi bien Ukrainiens que Russes, par la folie meurtrière d’un régime obsédé de revanche et de reconquêtes, provoqué des malheurs sans nom dans les familles et les individus, entraîné de multiples écocides et urbicides. L’Ukraine, à ce jour, a perdu 10 millions d’habitants, morts ou expatriés.
Laisser l’envahisseur et son régime « gagner » cette guerre serait une insulte à toutes les victimes, ukrainiennes comme russes, de ce conflit. Ce serait un encouragement à tous les impérialismes et régimes dictatoriaux qui transgressent ou rêvent de piétiner le droit dans leur pays ou chez leurs voisins. Ce serait laisser le champ libre au maître du Kremlin et à ses acolytes pour de nouvelles guerres, en Europe ou ailleurs. Ce serait abandonner les conquêtes démocratiques acquises par des dizaines ou centaines d’années de lutte pour la reconnaissance des droits humains fondamentaux et pour la paix entre les peuples. Ce serait bafouer le courage de celles et ceux qui, en Russie, risquent ou ont perdu leur vie et leur liberté en s’opposant à cette guerre. Ce serait laisser l’Europe dans un état de guerre larvée lourd d’affrontements futurs tout aussi meurtriers.
Poutine ne doit pas davantage gagner cette « paix » qu’il veut imposer à son avantage pour assouvir sa soif de revanche et parfaire ses visées dominatrices. Une défaite ou une semi-défaite serait un coup d’arrêt à ses prétentions impérialistes et un encouragement à celles et ceux qui, en Russie, se battent contre la dictature pour un régime de droit et de liberté.
Si notre solidarité avec le peuple Ukrainien peut sembler irréelle ou vaine, tellement nos moyens pour le soutenir peuvent paraitre dérisoires, elle doit pourtant continuer à s’exprimer.