Les Nuits du Bien Commun sont des soirées caritatives destinées à lever des fonds à destination d'associations locales, souvent des organisations d'aide aux personnes handicapées, aux femmes seules, aux entrepreneurs en difficulté ou aux groupements de soutien au patrimoine, entre autres...
À Dijon, il y en a eu deux en 2023 et 2024 ; la prochaine aura lieu le 2 décembre 2025. Le principe de ces « soirées philanthropiques » est que des entreprises mécènes locales prennent en charge financièrement la soirée, qui est organisée par Obole. Obole est une société spécialisée dans la levée de fonds, qui développe des applications permettant des dons par carte bancaire ou smartphone. Les paroisses sont son marché historique. La société Obole choisit des associations locales, 9 sur 38 candidates en 2023. Comment ? Ce n'est pas dit... Elles ont trois minutes pour se présenter, exposer leur projet, convaincre les donateurs de les choisir, et permettre ainsi à ces derniers de « faire l'expérience de la joie du don », comme le dit un des mécènes, président régional du mouvement des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Les mécènes locaux, pour la deuxième édition, sont entre autres la Banque Populaire Bourgogne-Franche-Comté, le groupe SEB, la SAS Bourgogne Escargots, RCF radio... et le Bien Public. Bien sûr, ces dons sont défiscalisés à 60 ou 66 % selon qu'on est un particulier ou une entreprise. On peut être généreux, « c'est l'État qui paye », selon un des animateurs de la soirée.
Le problème est que ces rencontres sont manipulées par Pierre-Edouard Stérin, milliardaire catholique traditionaliste d’extrême- droite, qui se dit libertarien, qui a fait fortune avec les Smartbox et qui est évadé fiscal en Belgique. Nous ne pouvons pas accuser les associations bénéficiaires de jouer consciemment le jeu réactionnaire de Stérin, mais, par exemple, l'association le Café Joyeux, bénéficiaire à Dijon, est connue pour être très proche des associations anti-avortement. La ville de Marseille et la Fondation de France Méditerranée se sont désengagées de ces nuits quand elle ont su qui était derrière ces "NBC". En Saône et Loire, à Étang-sur-Arroux, l'association "Excellence Ruralité", financée par le "Fonds du Bien Commun" de Stérin, veut implanter un collège privé hors contrat ; le 8 avril dernier, un rassemblement a réuni 100 à 150 personnes pour dénoncer ce projet qui porte une idéologie intégriste radicale et pour défendre l'école publique.
Quel est le projet de Pierre-Édouard Stérin ?
En 2021, il a cofondé les Nuits du Bien Commun avec Stanislas Billot de Lochner, fondateur d'Obole, ancien banquier, proche de Marion Maréchal et admirateur de Zemmour.
Parmi les membres du conseil d'administration des Nuits du Bien Commun, on trouve François Morinière, président du directoire de Bayard Presse où, grâce à une mobilisation des salariés, Stérin n'a pas pu placer son bras droit Alban du Rostu au poste de directeur stratégique des éditions Bayard. Tous les autres membres du Conseil d’administration sont proches de l’extrême-droite, on y trouve même Louis de Bourbon, aîné des Capétiens et prétendant au trône de France !
Les NBC sont une vitrine qui a plusieurs buts assumés :
- financer le projet politique, idéologique et culturel de Stérin
- rémunérer grassement les copains de Stérin, dont une grande partie sont salariés, présidents, directeurs des associations
qui récoltent les sous
- permettre de défiscaliser en masse, au profit d'associations et projets réactionnaires
- se faire rencontrer la bourgeoisie catholique locale et structurer des réseaux.
Les NBC sont donc un moyen de mettre en place le grand projet de Stérin, le projet PERICLES (Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes) qui a pour but d'installer en France une alliance de l'extrême droite et de la droite libérale conservatrice. Et pour lequel il promet un budget de 150 millions d' euros sur 10 ans.
Dans les projets de PERICLES, l'idée est de constituer une « réserve » de 1 000 personnes aptes à gouverner en cas de victoire de Le Pen (ou de Bardella) en 2027, après avoir gagné pas moins de 300 villes en 2026, objectif affiché pour les prochaines élections municipales... Soyons vigilants sur d'éventuelles candidatures, y compris dans des communes moyennes comme la nôtre, de listes financées et "formées" par les amis de Stérin ! Une école des futurs maires a été mise en place (formations en ligne). Une des grandes ambitions du projet est de créer le plus grand Think Tank de droite en France. Une guérilla juridique, menée par une vingtaine d'avocats, est déjà opérationnelle : une plainte contre Hello Quit X (application qui aide les utilisateurs du réseau X à migrer vers d'autres media sociaux, devenue escape-x.org) a, par exemple, été déposée.
Stérin est aussi impliqué dans le réseau Atlas, nébuleuse américaine de "Think Thanks" libertariens et ultraconservateurs, par l'intermédiaire duquel il participe à l'IFP (Institut de Formation Politique) qui assure la formation des leaders de droite et d’extrême droite), qui a créé l'Institut Libre du Journalisme (école de rédacteurs de droite et d’extrême droite), et qui a bénéficié de financements par le Fonds du Bien Commun et les Nuits du Bien Commun.
Stérin a mis toute sa fortune au service d'une idéologie d'extrême droite libertarienne. Il avance souvent masqué par des « actions philanthropiques » comme les NBC. À Dijon, deux soirées ont déjà eu lieu. Une troisième est prévue le 2 décembre prochain. Il convient de dénoncer auprès des associations qui voudraient y participer l'objectif mortifère des organisateurs.
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