
Palestine : et maintenant ?
PALESTINE : ET MAINTENANT ?
A peine avons nous eu le temps de saluer l’accord de cessez-le-feu et de partager les scènes de joies à Gaza que, dès le lendemain, l’armée israélienne attaquait de camp de réfugiés de Jénine et que des hordes de colons se déchaînaient dans plusieurs villes de Cisjordanie.
Les Gazaouis vont enfin dormir sans se demander si le lendemain, ils seront encore en vie. Leur soulagement est immense pour eux, pour les otages administratifs palestiniens comme pour les otages israéliens et leurs familles. Enfin, l’aide humanitaire tant attendue est distribuée, ressuscitant un peu d’espoir dans un océan de désespoir.
L’État d’Israël a tué des dizaines de milliers de personnes, en majorité des femmes et des enfants. Il a pulvérisé la plupart des infrastructures, il a organisé la famine, il s’en est pris spécifiquement aux hôpitaux, à la défense civile et aux soignant.es, aux journalistes, aux écoles et universités. Tout est détruit à Gaza. Tout sauf …. le Hamas et la population civile.
Les dirigeants israéliens et leur armée avaient des buts proclamés : « éradiquer » le Hamas prétendument caché au sein de la population et libérer les « otages ».
Pour ce faire, ils ont obligé la quasi-totalité du peuple palestinien de Gaza à fuir de place en place sans qu’aucune zone ne soit sûre et l’ont bombardée sans relâche au point de commettre un génocide. Mais ils n’ont ni réussi à l’expulser ni à détruire la société palestinienne. Malgré des conditions effroyables, malgré le marché noir, les profiteurs de guerre et les bandes mafieuses armées, les camps de déplacés se sont organisés, la solidarité a fonctionné et le tissu social a tenu. C’est le « sumud », c’est-à-dire cette sorte de résilience, de persévérance des Palestiniens à rester sur leurs terres et à résister à la colonisation.
Quant au Hamas qui, rappelons-le, est un parti politique de masse - vainqueur d’élections parfaitement démocratiques - disposant d’une milice armée (et pas la horde de terroristes sans foi ni loi décrite par nos médias), il est certes considérablement affaibli militairement mais loin d’être détruit politiquement. L’administration du territoire, dans les pires circonstances, continue de jouer son rôle. Deux exemples : le « fameux » Ministère de la santé fournit quotidiennement depuis le 7 octobre, et ce à l’unité près, le nombre de morts (largement validé par l’ONU lors des guerres précédentes) et la « défense civile » remplit sa mission ; lors de la libération des otages, on a pu voir des dizaines de policiers et miliciens du Hamas armés, cagoulés et en tenue de combat, collaborant avec la Croix Rouge.
Et maintenant ? C’est bien sûr Trump qui est le maître du jeu avec 2 buts : avoir le prix Nobel de la Paix (ce n’est pas une plaisanterie !) et relancer les accords d’Abraham, grand « deal » financiaro-pétrolier entre l’Arabie saoudite, les Emirats du Golfe et autres dictatures arabes, Israël et les États-Unis.
Pour atteindre ces buts, il faut :
• que les armes se taisent ;
• qu’une autorité plus ou moins fantoche, mais riche des milliard de dollars des états précités commence à reconstruire Gaza ;
• que soit affiché le projet - comme « os à ronger » pour les opinions publiques arabes - d’un État palestinien croupion en commençant par Gaza.
Avec des obstacles sérieux :
• le Hamas, non éradiqué, n’aura plus de monnaie d’échange après le dernier otage libéré. A-t-il vraiment intérêt, de son point de vue, à aller au bout du processus de leur libération ?
• Le gouvernement israélien et son chef Netanyahou qui ne veulent ni Etat palestinien, ni paix mais, au contraire, le Grand Israël biblique avec le moins possible de Palestinien.nes y vivant sous la botte suprématiste et l’apartheid ;
• L’Iran, assisté du Hezbollah, des Hutis du Yemen et autres milices alliées, très affaibli.e,s mais non détruit.es et possiblement doté de l’arme nucléaire à moyen terme.
Une éventuelle « paix américaine » sera tout sauf la justice. Ce sont Israël et ses complices, les États-Unis en premier, qui devraient payer le prix de la reconstruction.
Les Gazaouis doivent être les maîtres de leur destinée : le peuple palestinien vient de donner au monde un exemple extraordinaire de résistance. Il a tous les droits que lui confère le droit international, à commencer par celui de diriger la reconstruction et de choisir son avenir.
Ce cessez-le-feu, qu’il tienne ou pas, ne doit pas valoir amnistie pour les criminels israéliens qui devront être poursuivis et condamnés pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide.
Qu’il tienne ou pas, ce cessez-le-feu ne doit pas non plus revenir à considérer que le problème politique est réglé, loin de là.
L’Europe, dans sa grande faiblesse politique pour ne pas dire sa complicité, a un rôle à jouer :
• siège des tribunaux internationaux de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, elle peut et doit être la garante du droit international bafoué depuis des dizaines d’années par Israël ;
• les accords de coopération entre l’Union européenne et l’État hébreu doivent être suspendus tant qu’Israël ne respecte pas les droits humains et le droit international.
Plus rien ne sera comme avant après ce génocide.
Moins que jamais, il n’y aura de paix réelle sans justice : elle passe par la décolonisation, le droit au retour, l’égalité des droits.
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