

Le mot de Zoé
LE MOT
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Je cherche un mot vaste et chaud
Comme une chambre
Sonore comme une harpe
Dansant comme une robe
Clair comme un avril
Un mot que rien n'efface
Comme une empreinte dans l'écorce
Un mot que le mensonge ne séduit pas
Un mot pour tout dire
La mort, la vie
La peur, le silence et la plainte
L’invisible et le doux
Et les miracles de l’été
Depuis si longtemps je cherche
Mais j’ai confiance en vous :
Il va naître de vos lèvres.
Jean-Pierre Siméon
Qui n’a pas songé à soulever la poussière des siècles afin de mieux saisir le poids, la couleur, la vibration des mots échangés, transmis depuis la nuit des temps de génération en génération, ce qui participe à la trame et même au corps de nos pensées, de nos émotions ? Comme chaque époque a su heureusement inventer et proposer au futur de nouveaux vocables, chacun a une histoire et s’amuse des variations, des précisions de sens à lui accordées par nous tous… Parfois, ils en rient ensemble.
L’humanité avance en sculptant le sens et donc la portée, la puissance, la substance, la chair, la valeur des mots.
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Oui, chaque MOT est un être vivant ! Et nous participons à son destin quand nous l’employons. De sa naissance à sa mort.
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Fort de cette certitude, Zoé a participé cet été à une campagne de fouilles archéologiques préventives menée par l’association REMPART sur le site de l’ancienne poste, Place Centrale, où doit s’élever un nouvel immeuble au détriment d’un vaste espace végétalisé, arboré et apaisant… Le but de ces fouilles — de l’ancien français fuuiller (XVIème s.), issu du latin vulgaire fodiculare (diminutif de fodicare : percer) — était de retrouver la trace des phonèmes qui y ont séjourné, quelques heures ou quelques jours avant de rejoindre leur destinataire, messagers de sombres ou lumineuses nouvelles. Le cachet de la poste faisant foi !
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Ces recherches regroupaient des animaux venus de tous les continents car les plus érudits avaient déjà eu connaissance d’échanges épistolaires interculturels résultant du croisement de différentes langues bien avant le début du XXIème siècle à Quetigny. Mais il en manquait la preuve indubitable et absolue. Désormais la cause est définitivement entendue, même si, me souffle Zoé — selon le vieil adage — « il n’y a pas de vérité scientifique, il n’y a que des connaissances scientifiques »...
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Toutes les nombreuses et étonnantes découvertes effectuées in situ — certaines remettant en cause bien des idées reçues — seront bientôt publiées et présentées à la presse internationale lors de l’inauguration de la bibliothèque « La Parenthèse ».
Zoé, en avant-première, te propose de découvrir quelques-unes des plus belles pépites.
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Sans tomber dans le piège des « faux-amis » ni dans celui des « mots transparents », à toi d’inventorier, de relever, l’origine linguistique de certains termes encore usuels venant souvent de très loin dans le temps et dans l’espace. Un tableau t’y aidera.
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Origine : allemande anglaise arabe croate espagnole finnoise hindi inuit italienne japonaise nahuatl portugaise russe tupi wolof
anorak X
avocat X
banque X
chiffre X
cravate X
mafé X
moustique X
paquebot X
piranha X poutine X
pyjama X
sauna X
tsunami X
wagon X
zèbre X
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Sur le chantier, Zoé eut en effet la possibilité de pratiquer l’hindi grâce à un éléphant indien, l’inuit grâce à un lièvre arctique, le nahuatl grâce à un coyote mexicain, le tupi grâce à un faucon brésilien, le wolof grâce à un lion mauritanien. Quelle chance !
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Relisant le tableau, je me rends compte que ce malicieux Zoé y a bien involontairement (?) glissé une erreur de taille ! Laquelle ?
Je te confie la réponse en utilisant un code secret sécurisé pour ne pas créer d’incident diplomatique avec qui que ce soit :
12/1-16/15/21/20/9/14/5-5/19/20-21/14-16/12/1/20-4/5-12/1-3/21/9/19/9/14/5-17/21/5/2/5/3/15/9/19/5. Tu as trouvé ?
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Laisse-toi surprendre par les mots qui fleurissent en toi pour dessiner ton propre paysage, ton propre voyage, ton propre visage.
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Écoutons le silence mouvant des poètes qui seuls, comme les enfants, savent percevoir et dire l’indicible.
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« Nous cheminons vers le sens dans la mesure où nous habitons en poète sur la terre ».
F. Hölderlin.
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