
Part-il pour de vrai ?
Vous connaissez la divinité mineure des rêves ?
On parle plus souvent de ses bras et du fait que l’on y tombe *...
Il parait, aux dires des mauvaises langues principalement gauchistes, que sous l’empire de Robert Poujade, prédécesseur du néo-duc François, la cité bourguignonne s’était enivrée du breuvage du turbulent chanoine, puis désespérément endormie !
Cela aurait pu être le début d’une légende urbaine ou d’un conte pour enfant.
Mais non, il s’agit bien de notre capitale régionale moutardesque !
Nous ne pouvions faire l’impasse sur cet événement — savamment mis en scène — du faux départ du premier édile dijonnais, ancien socialiste devenu acariâtre macroniste cinglant.
« Halte là ! » me direz-vous. « Cessez vos propos acerbes ». Ben oui, mais bon, c’est tout de même la vérité vraie, comme dirait l’autre !
Revenons à plus de sérieux et tentons un tour d’horizon honnête des changements intervenus à Dijon depuis presque un quart de siècle, même s’il y a eu quelques pointillés durant cette période qui va de l’élection en 2001 de celui qui était alors chef de file socialiste de l’opposition municipale à ce lundi 25 novembre 2024.
Même si l’on est souvent en bataille contre les postures politiques du personnage, il faut lui concéder d’avoir en effet réveillé Dijon et de lui avoir sacrément donné un coup de jeune, largement salutaire pour la ville devenue attractive sous bien des aspects, peut-être en premier lieu touristique et culturel.
Amorcées dès les premières années de ses mandatures successives, la rénovation et la piétonnisation du centre-ville, ou de ce qu’il est désormais coutume d’appeler « l’hypercentre » ont été au cœur de ses préoccupations. Ce n’est toutefois qu’en 2015, le 4 juillet, soit 14 ans après l’arrivée de M. Rebsamen aux manettes de la ville, que le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO est intervenu. Notons néanmoins au passage que nous étions déjà dotés d’un des plus grands secteurs sauvegardés de France depuis 1966 (97 hectares, avec quelque 3 000 édifices de toutes les époques s’y jouxtant).
Autre projet phare relevant du même chapitre culturel, celui du désormais emblématique « MBA » pour Musée des Beaux-Arts. Sa rénovation s’est étendue sur 3 phases de 2005 à 2019. Chacun en pense ce qu’il souhaite, mais il est assez unanimement reconnu que son agrandissement et sa rénovation mêlant intelligemment ancien et moderne donne un résultat plutôt intéressant ; en tout cas, le public y est largement au rendez-vous. La gratuité pout toutes et tous de son entrée toute l’année est à souligner positivement.
Deux éléments majeurs combinés que sont le tram et les réseaux de chaleur urbaine, atouts substantiels en termes de protection de l’environnement et de mobilités douces, sont ici présentés ensemble car ils ont été programmés de concert au moment de la construction du tram, l’un étant imbriqué dans l’autre quant à son squelette principal.
Outre le fait que Dijon a été la seule agglomération à faire le choix de construire en même temps deux lignes pour un total de près de 20 km, la commande des matériels roulants a été groupée avec Brest afin d’obtenir des tarifs les plus serrés possible. Il faut ici rappeler le brio avec lequel André Gervais, adjoint communiste, a mené cette opération.
Pour revenir aux réseaux de chaleur (au pluriel car il y en a 2), leur longueur été multipliée par 9 en 10 ans entre 2012 et 2022 et ils desservent actuellement l’équivalent de 55 000 logements. Notons que 76 % des énergies sont renouvelables et proviennent de récupérations locales. Le réseau a reçu en 2017 un prix national.
Le volet des rénovations urbaines des quartiers dits sensibles, appelés Zones Urbaines Sensibles (ZUS), a aussi bénéficié de nombreuses améliorations. Pour Dijon même, à la Fontaine d’Ouche et aux Grésilles, puis plus largement sur la zone urbaine élargie, Chenôve et Quetigny.
Les grands bouleversements relatifs aux réorganisations militaires ont aussi été un point qui a changé la face, en particulier, des quartiers Drapeau et Arsenal : les deux sont désormais des ÉcoQuartiers. Leur réorganisation a vu les travaux importants se mêler à l’arrivée du tram et aux déménagements des armées. Certes, la densification de l’habitat y reste une question qui ne remporte pas l’agrément de toutes et tous, mais on ne peut nier que Dijon, en matière de logement — notamment social — est plutôt, de manière générale, souvent en haut du classement…
Les efforts pour mieux vivre dans une ville qui prend en compte les préoccupations climatiques et écologiques sont indéniables, même si ce résultat est toujours perfectible et impose de maintenir une pression constante !
recours devant le Tribunal Administratif est toujours en cours pour une triple motivation : la suppression d’un îlot de fraîcheur lors des canicules de plus en plus fréquentes, le risque d’inondations inconsidéré et le recensement de plusieurs nouvelles espèces, dont 60 espèces de papillons et 71 espèces d’oiseaux. À ce sujet la lettre ouverte à l’Office français de la biodiversité intitulée « La Ville de Dijon ne peut pas être reconnue Territoire engagé pour la biodiversité ! » est éclairante. Nous pourrons la retrouver en lien dans la rubrique en fin d’article pour aller plus loin.
Restons dans le registre du logement et des espaces verts en rappelant combien d’autres projets ont dû faire l’objet de batailles acharnées, de la part tant des riverains que de diverses associations de défense de la nature et de l’environnement.
Dès le premier numéro de notre feuille de chou virtuelle, en octobre 2020, il était question de l’opposition au projet des Jardins de l’Engrenage qui ne réussiront pas à échapper à la bétonnisation outrancière.
Dans le numéro 2 de notre Lettre, c’était la remise en cause de la construction d’un nouvel espace d’entrainement pour le plus qu’incertain DFCO au beau milieu de l’Écoparc situé entre Saint-Apollinaire et Quetigny. Il semble que le renforcement du tissu économique puisse facilement passer par des projets plus porteurs que ce sport à la fois machiste, homophobe et financièrement corrompu !
Plus récemment et toujours dans le chapitre du béton, dans notre numéro 29 d’avril de cette année, c’est du projet Larrey et de son combat que nous nous faisions l’écho.
On ne peut clore cet inventaire des combats contre une urbanisation agressive et non (ou si peu…) concertée sans parler du fameux et emblématique « Quartier Libre des Lentillères ».
Le combat y dure depuis 2010 et a connu des phases rudes ! Rappelons-nous par exemple en 2022 le scandale d’espionnage d’État où une collusion des services déconcentrés et «municipo-Rebsameniens » : on pourra lire à ce sujet l’article de Reporterre, média de l’Écologie, en lien dans notre « pour aller plus loin » en fin d’article….
Arrêtons-nous encore un instant sur deux équipements collectifs aquatiques dont nous pouvons dire qu’ils sont structurants : les deux piscines, l’une construite de toutes pièces, l'Olympique, ouverte depuis le 3 mai 2010, et l'autre rénovée et transformée, dite "du Parc" ou "du Carrousel". Nous passerons sur les détails techniques que chacun·e connait ou peut aisément connaitre, pour affirmer qu’ils étaient quasiment indispensables afin de répondre aux besoins de la zone d’attractivité urbaine, autrefois largement sous-dotée.
Nous disposons donc depuis septembre 2019 de deux bassins de 50 m ouverts toute l’année, l’un couvert et l’autre non (celui non couvert est néanmoins accessible même l’hiver en version dite "bassin nordique"). Les équipements sont modernes et gérés de façon rationalisée (traitement de l’eau par électrolyse et sel, en lieu et place des procédés par produits chlorés). Ils comportent tous deux des toits végétalisés, sont reliés aux réseaux de chaleur, produisent de l’électricité par panneaux photovoltaïques. Notons que, contrairement à ce que l’on peut souvent entendre, maintenir un bassin extérieur en hiver baignable en température n’est pas énergivore, puisque cela revient en moyenne 40 % moins cher que d’avoir à chauffer et déshumidifier un habitacle qui le recouvre, sans compter son entretien...
L’avantage des équipements dijonnais est qu’ils sont gérés par le même exploitant (par délégation de service public) et que celui-ci présente un caractère relativement social puisqu’il s’agit de l’association UCPA. Il sera tout de même intéressant de noter qu’il aura fallu 4 ans de pressions des utilisateurs pour que l’interopérabilité des titres d’accès soit rendue effective !
Alors, me direz-vous, nous voilà bien avec cet inventaire plutôt flatteur ! Flatteur ? N’oublions pas que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, comme disait l’autre… Oui, ces projets structurants peuvent être crédités à l’édile dijonnais, mais pas que ! car il y a, derrière lui, des équipes et des évolutions qu'on retrouve dans la plupart des grandes villes.
Les deux dernières réalisations que sont la cité de la gastronomie (très décevante quant à son ouverture aux Dijonnais, aux prix que l'on y pratique et à une architecture clinquante et disgracieuse) et le déménagement du siège de l’Organisation Internationale de la Vigne (OIV) sont quant à elles largement plus discutables, car elles risquent, selon nous, de renforcer une "gentrification" qui avait été jusqu'ici plutôt limitée…
Pour finir, remarquons qu’il est, dans notre situation, difficile de démêler ce qui relève de la ville de Dijon et de la Métropole, tant, au sein de l’urbanité, décisions et actions sont interdépendantes. Pour M. Rebsamen, ce "retrait" de Dijon n'est pas une véritable "retraite". Certes, la place est laissée à une femme, et il faut le souligner, car c’est la première à devenir maire de Dijon... et dans des villes importantes, elles ne sont pas encore si nombreuses que cela. Mais le néo-duc, en conservant sa mainmise de plus en plus autoritaire sur la métropole, ne fait en réalité pas du tout sa sortie !
Il dit souhaiter se consacrer davantage à l’intercommunalité, soit ; nous demandons à voir la façon dont il va le faire… Sera-ce avec plus de concertation avec les habitants dans la co-construction des projets ? Nous avons de sérieux doutes, quand on voit notamment la posture adoptée, par exemple, dans les réunions publiques.
Un exemple parmi d'autres : le réseau de tram a fêté ses 10 ans, et tout le monde sait qu’il y a dans les cartons des projets très avancés d’extensions. Ils sont gardés secrets, et d’évidence les décideurs manquent de volonté d’écoute des populations concernées. Quetigny est sur la question très attentif à ce que nous savons être une des voies prévues vers l’oubliée de l’époque et voisine Chevigny-Saint-Sauveur. Si vous souhaitez passer en force non concertée sur ce point, vous saurez nous trouver au rendez-vous de la résistance et de la pression…
Monsieur l’ex néo-duc de Dijon, prenez garde de ne pas vous sentir devenir prince métropolitain au risque de ternir, à travers votre autoritarisme grandissant, le bilan majoritairement positif de vos travaux municipaux passés. N’oubliez pas que les aspirations actuelles des citoyen·ne·s sont avant tout d’être mieux et plus associé·e·s !
Ajout de dernière minute au moment de mettre « sous presse » (virtuelle !) :
Nous mettions en garde contre le risque de se croire devenir prince (titre qui est au-dessus de celui de duc), mais des oreilles trainantes entre les portes et des yeux scrutant un certain nombre de médias de presse « sales gauchistes » (hein, comme disent pas mal, lol), il se pourrait donc, disions-nous, que ce soit peut-être même — d’après certaines informations et indiscrétions — à nouveau ministre que notre hautain personnage puisse redevenir…
Le duc fait prince par de propre fait deviendrait-il à nouveau vice-roi ?
Mais de quel portefeuille pourrait-il cette fois se voir affublé alors qu’il est de notoriété publique qu’il a toujours rêvé... de l’Intérieur ?
S’il devait alors détrôner l’infernal dogmatique et ouvertement raciste, peut-être y gagnerions-nous au change…
Nous pourrons relire (pour les conservateurs de nos proses, l’article de notre lettre n° 17 d’avril 2022 intitulé « À la soupe ! » où il était déjà question de sa première montée parisienne ministérielle dont il ne sera pas nécessaire de se remémorer les dégâts sur le travail qu’il y avait fait !
* Vous aviez tou·te·s identifié Morphée, bien sûr !
Pour aller plus loin, quelques références :
Journal Le Bien Public : Les réactions des Dijonnais à la démission de leur maire François Rebsamen. Édition du 19 novembre 2024 :
Encyclopédie libre Wikipédia. Article Mairie de Dijon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mairie_de_Dijon#Historique
Encyclopédie libre Wikipédia. Article Centre-ville de Dijon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre-ville_de_Dijon
Encyclopédie libre Wikipédia. Article Musée des Beaux-Arts de Dijon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_des_Beaux-Arts_de_Dijon
Site Dijon Métropole sur le réseau de chaleur : https://www.dijon-metropole.fr/dijon-metropole-a-votre-service/reseaux-de-chaleur-urbain/
Site France Chaleur Urbaine : https://france-chaleur-urbaine.beta.gouv.fr/villes/dijon
Encyclopédie libre Wikipédia. Article Tramway de Dijon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_de_Dijon
Écoquartier de l’Arsenal. Site SPLAAD : https://www.splaad.com/operations/ecoquartier-de-l-arsenal-dijon
Écoquartier Heudelet 26, site Ministère de la Transition Écologique : https://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr/operation/2425/
Sur les choix de bassins nordiques : https://www.placedupro.com/articles/110/bassin-nordique-un-choix-qui-peut-saverer-payant
Tour Evanesens à Montpellier : https://objectif-languedoc-roussillon.latribune.fr/entreprises/immobilier/2022-02-15/avec-une-nouvelle-tour-vegetalisee-de-50-metres-montpellier-cultive-le-discours-de-la-hauteur-904149.html
Tour Le Bosco, forêt minérale urbaine, Milan : https://lumieresdelaville.net/portfolio-view/decouvrez-bosco-verticale-milan/
Berges du Suzon : https://www.fne21.fr/actualites/dijon-berges-du-suzon-face-a-l-entetement-de-la-mairie-le-combat-continue-devant-la
Quartier Libre des Lentillères :
https://lentilleres.potager.org/uploads/2018/01/QL06-chrono1050.pdf
Affaire de l’espionnage des Lentillères et des Tanneries :
https://reporterre.net/A-Dijon-l-espionnage-d-Etat-cible-des-militants-politiques


Concernant l’habitat, on aurait néanmoins souhaité — et on souhaite toujours ardemment pour l’avenir — une meilleure prise en compte des remarques et attente d’une partie non négligeable de la population, à savoir plus d’espace de verdure entre les immeubles, et par conséquent une approche de la densification différente. Nous disons bien densification, car nous sommes conscient·e·s de sa nécessité, mais déclinée autrement. Peut-être, à ce sujet, les grandes hauteurs ne sont-elles pas suffisamment exploitées ? Des exemples comme la tour Evanesens de l’architecte montpelliérain François Fontès ⭣ ou le Bosco Verticale de Milan ⭢ avec sa forêt urbaine minérale pourraient être inspirants…
Toujours sur l’habitat, on ne peut terminer cette facette de la revue du bilan, sans parler de la déraisonnable obstination à propos des berges du Suzon et son projet d’implantation « Venise 2 » où un

