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N'oublions pas l'Ukraine !

La multinationale développe un gigantesque projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie. Autour du Lac Albert en Ouganda, deux projets d'exploitation de pétrole sont prévus, Tilenga et Kingfischer ; depuis ces sites, Total Énergie veut construire le plus grand oléoduc chauffé du monde, EACOP (East African Crude Oil Pipeline), long de 1443 km, à travers la Tanzanie pour amener ce pétrole sur la côte de l'Océan Indien. Alors que l’ Agence Internationale de l’Énergie affirme qu’aucun projet pétrolier dont la Décision Finale d’Investissement est postérieure au 31 décembre 2021 (ce qui est le cas ici) ne doit voir le jour, alors que les scientifiques du GIEC ont démontré qu'il ne fallait plus aucun projet d’énergie fossile si on voulait limiter l'augmentation des températures à 1°5 en 2050, Total s'obstine a construire ce projet titanesque tout en prétendant « agir en acteur responsable et en transparence sur les enjeux sociétaux et environnementaux ».

 

Pour mener à bien son projet, Total Énergies, avec l'aide des gouvernements ougandais et tanzaniens, viole les droits humains élémentaires pour accaparer  les terres qu'il convoite.  Il n'y a pas eu de consentement libre, préalable et informé des personnes affectées par le projet (PAP). Même les chefs de villages, élus, n'ont reçu aucune information.  Les terres ont été cédées sous la contrainte ; souvent les PAP signaient des documents qu'elles ne comprenaient pas.  Les compensations souvent inéquitables et injustes, normalement données pour acheter des nouvelles terres hors du périmètre d'EACOP ont entraîné une inflation des prix des terres. La situation des PAP  a été encore aggravée par le versement tardif des compensations. Toutes n'avaient pas encore été versées 4 ans après... L'interdiction de cultiver la terre en attendant le versement des compensations a aggravé la pauvreté et les difficultés à se nourrir. Total prétend avoir fait des distributions alimentaires, mais elles ne sont données qu'au moment des versements des compensations, et s'avèrent insuffisantes et inadaptées. Les déplacements des populations et l'augmentation de la pauvreté ont entraîné une déscolarisation très importante ; là encore, Total tente d'améliorer son image en communiquant sur  plusieurs programmes de soutien à l’éducation, notamment des bourses d’études en Ouganda et Tanzanie. Mais les quelques bourses offertes par Total ne sont que peu de chose au regard de la déscolarisation massive dans les zones affectées par le projet.

Les menaces sur l'environnement et le climat sont effrayantes. L'oléoduc EACOP traversera 35 cours d'eau, de nombreuses zones humides protégées, et longera sur 400 km le bassin du lac Victoria (une des principales sources du Nil). Entre l’Ouganda et la Tanzanie, l’EACOP détruira, perturbera, fragmentera et dégradera environ 2 000 kilomètres carrés d’habitats fauniques protégés, et portera de graves menaces sur une faune exceptionnelle. Le risque de fuite de pétrole est considérable, même si Total prétend qu'il est faible. L'étude d'impact du pétrolier est contestée par le groupe d'experts indépendants E-Tech. Déjà des pollutions par le pétrole ont été constatées en Ouganda, dans la région de production.

Il faut ajouter que l'entretien et le nettoyage de l'oléoduc est extrêmement polluant (benzène) et que l'activité sismique importante de la région entraîne de gros risques d’endommagement  de l'oléoduc et de ses installations hors sol.

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La construction et l'exploitation tant des champs pétroliers en Ouganda que de l'oléoduc en Tanzanie nécessitera d'importantes quantités d'eau (160 millions de mètres cubes) au détriment des populations, dans une région qui souffre déjà de périodes de sécheresse  aggravées par le changement climatique.

L'oléoduc arrivera à un terminal pétrolier de 72 hectares, qui pourra stocker jusqu'à 2 millions de barils chauffés à au moins 63°. Ce terminal est à proximité du port de Tenga construit près de parcs marins protégés.  À cela, il faut ajouter un risque de tsunamis probablement mal évalué jusqu'à maintenant et des risques de plus en plus importants de cyclones tropicaux comme celui de 2019 qui a entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes et provoqué des dégâts considérables. 

Enfin, Total Énergies sous-estime la production de CO2 qu'elle évalue à 13,5 millions de tonnes sur 20 ans les projets Tilenga et Eacop, alors que différents instituts ( Climate Accountability Institute, Stockholm Environment Institute, Environmental Law Alliance Worldwide) les évaluent à plus de 30 millions de tonnes par an. Ces productions sont totalement incompatibles avec l'objectif de maintenir le réchauffement à 1,5° (accords de Paris). 

 

L'union européenne, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, ne veut pas de ce projet titanesque, et cela met en colère les dirigeants Ougandais et Tanzaniens qui parlent d'hypocrisie puisque les Européens produisent deux fois plus de CO2 que les Africains — pourtant 3 fois plus nombreux — et reprochent aux Européens de leur refuser ce sur quoi eux-mêmes ont construit leur prospérité, à savoir les énergies fossiles. Le vice-président du parlement ougandais a dénoncé « le summum du néocolonialisme et de l'impérialisme contre la souveraineté de l'Ouganda et de la Tanzanie ». On pourrait peut-être entendre ce discours si on était sûr que les milliards attendus de ce projet permettaient l'amélioration des conditions de vie des habitants. Mais outre les poches de dirigeants autoritaires et corrompus, ces milliards rempliront celles des actionnaires de la multinationale Total Énergies. Extraire des matières premières d'un pays pour les transporter et les transformer ailleurs est typique d'un comportement néocolonial, et l'Europe devrait  avoir une politique d'aide désintéressée et efficace  plutôt que donner des leçons et laisser faire Total Énergies.

Enfin, malgré les régimes autoritaires en Ouganda et en Tanzanie, la société civile et les habitants concernés se sont mobilisés contre ce projet et cette mobilisation gagne même l'Afrique de l'Est, l'Europe et le monde entier avec la coalition  #Stop Eacop. Il y a plus de trois ans, quatre associations ougandaises (AFIEGO, CRED, NAPE/Amis de la Terre Ouganda et NAVODA), ainsi que les Amis de la Terre France et l’association Survie, ont assigné Total Énergies devant un tribunal français en vertu de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales. Malheureusement, après une longue bataille  procédurale, le tribunal judiciaire de Paris a considéré le dossier irrecevable en raison d'un nouveau point de procédure controversé.

 

Pour des raisons de droits humains et d'environnement, ce projet ne doit pas se faire.

 

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