Après plus de trois ans et demi de guerre, l’Ukraine résiste toujours à l’invasion des troupes russes, n’en déplaise à celles et ceux qui affirmaient, au lendemain de l’invasion, que d’ores et déjà le combat était perdu d’avance pour les Ukrainiens.
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À ce jour, la stratégie de Poutine à envahir l’Ukraine, ou pour le moins à la vassaliser, a échoué et les menaces sur les pays baltes, la Moldavie ou la Pologne, si elles sont à prendre au sérieux, ne peuvent pas se réaliser tant que l’armée russe restera embourbée dans le Donbass, incapable d’avancées décisives. Nous ne pouvons que nous en réjouir, même si la Russie poursuit son œuvre de destruction d’infrastructures civiles et d’assassinats. Les provocations en série sous forme de drones ces derniers jours vis-à-vis de plusieurs pays européens, s’ils doivent être pris au sérieux, visent surtout à détourner l’attention des pays occidentaux des massacres continus de civils ou encore à faire oublier les succès ukrainiens actuels contre les infrastructures pétrolières et gazeuses russes.
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La paix risque — hélas ! — d’attendre. Pas du fait de l’Ukraine, mais de l’entêtement russe à poursuivre sa folie impérialiste en Ukraine, mais aussi à cause de la stratégie chaotique et honteuse de Trump vis-à-vis des Ukrainien·ne·s. Jusqu’ici Trump, qui a pourtant tout fait pour pousser l’Ukraine à accepter les conditions du dictateur russe, a échoué à imposer un cessez-le-feu à Poutine.
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Il faut le répéter sans cesse. L’Ukraine ne doit pas perdre cette guerre parce qu’elle est une résistance à l’invasion et à la violation du droit international. Le dictateur du Kremlin n’a pas hésité à renier l’engagement de la Russie, lors du mémorandum de Budapest en 1994, à garantir les frontières de l’Ukraine en échange du transfert de quelque 1500 ogives nucléaires d’Ukraine en Russie.
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Le peuple ukrainien n’a jamais menacé la Russie, il se bat pour sa souveraineté et sa liberté. Pour cela, il a besoin d’un soutien massif : politique, humanitaire et militaire. Lui apporter cette aide militaire n’est en aucun cas soutenir les politiques impérialistes actuelles ou passées de plusieurs pays de l’Otan. Ce n’est pas davantage accepter les lois de programmation militaires de Macron/Lecornu en France ou de Merz en Allemagne, dont le but n’est pas prioritairement de soutenir l’Ukraine mais de gaver les trusts militaro-financiers ou d’obtempérer au diktat de Trump d’imposer 5 % de PIB pour l’armement des pays de l’Otan.
Contrairement à ce qu’une partie de la Gauche occidentale peut laisser croire, l’Ukraine n’est pas devenue une dictature. Le peuple ukrainien, malgré les conditions imposées par la guerre, la peur et les destructions, continue de faire preuve d’une combativité remarquable.
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Il reste une Gauche politique ukrainienne, qui n’a rien à voir avec les partis de « Gauche » vestiges de l’époque stalinienne et dont la plupart ont été interdits du fait de leur positions pro-russes. Elle est certes très minoritaire, mais se montre très active, que ce soit au sein de l’organisation « Sotsialnyi Rukh » (Mouvement social) ou dans les collectifs de solidarité qui apportent aide à la société civile comme aux combattants du front.
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S’il est vrai que l’Etat ukrainien ne respecte pas nombre de ses obligations démocratiques, les organisations syndicales ne sont pas interdites et continuent — dans des conditions très difficiles et avec des effectifs considérablement réduits du fait de la guerre — à défendre, tant bien que mal, les travailleurs et leurs droits. La résistance populaire face à l’agresseur, contre les mesures antisociales du gouvernement Zelenski, la corruption et les injustices du processus de mobilisation, n’est certes pas la même après 3 ans et demi de guerre, mais elle est loin d’avoir disparu. La jeunesse ukrainienne a réussi récemment, après quelques jours de mobilisation, à faire reculer le pouvoir libéral sur la question de l’indépendance des organismes anticorruption.
La résistance populaire, malgré les pertes humaines et les destructions de toute sorte, reste globale : sur le front contre l’occupant, à l’arrière pour une société plus égale et démocratique.
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Parce qu’il défend son avenir et sa liberté, et quelque part aussi la nôtre, nous devons soutenir le peuple Ukrainien, sans réserve.



